Le processus est lancé, la nouvelle République est en marche. Les réunions du Dialogue national ont commencé et les grandes lignes du programme national des grandes réformes ont été dévoilées. La feuille de route de Saïed, tant réclamée par tous les acteurs politiques et même nos partenaires et bailleurs de fonds étrangers, est quand même contestée par plusieurs parties. Certains ont manifesté timidement dans la rue par un nombre insignifiant, alors que d’autres, tels que le parti Ennahdha, ont clairement exprimé leur boycott du référendum et des élections législatives. Ces positions aux contours flous ont certes entraîné certaines défections parmi les personnalités nationales invitées au dialogue national. Il n’empêche que la machine est lancée et risque de broyer sur son chemin ceux qui se sont eux-mêmes exclus. Des partis comme le Ppdu ont rayé de la liste de leurs adhérents les personnes qui participent à ce dialogue à l’instar de Mongi Rahoui, la seule voix libre qui exprimait fortement les positions de ce parti d’extrême gauche à la défunte Assemblée des représentants du peuple. Encore une fois, la gauche tunisienne rate un rendez-vous avec l’Histoire et offre ses services aux islamistes. En effet, Ennahdha, qui craint, d’un côté, une probable dissolution légale à cause des affaires en justice qui risquent d’être très lourdes pour ses lieutenants et, de l’autre, une disqualification aux élections législatives, anticipe pour jouer à la victime en voulant entacher le nouveau processus démocratique. Le reste des partis gravitent autour de son projet de survie sans pour autant être conscient du danger que les islamistes constituent pour eux. Au lieu de saisir cette occasion pour participer à la conception de la nouvelle République, en prenant part à ce dialogue, et peaufiner le programme national des réformes, ils ont opté pour une complicité passive avec ceux qui ont ruiné le pays et démembré les institutions de l’Etat pendant toute une décennie. Pourtant, il aurait été plus simple de suivre le mouvement de cette marche et de l’orienter vers des objectifs communs. Mais maintenant que la machine est en branle, il ne sert à rien de tenter de la gripper car la porte est encore ouverte non pas pour rugir mais pour construire.
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